Apprendre en faisant : un retour aux sources de l’apprentissage
Les nouvelles modalités d’apprentissage prennent des formes diverses : e-learning, simulateur, classe virtuelle, serious game, réalité virtuelle, … déjà existantes avant la crise sanitaire, toutes ses modalités se sont imposées pendant la période de confinement poussant les spécialistes de la formation à se les approprier et à les développer fortement dans leurs offres.
De la formation en présentiel classique …
Dans le monde d’avant COVID, une grande majorité des formations, courtes ou longues, se déroulaient selon le même schéma : un formateur-expert partage son savoir et ses expériences à un groupe de participants attentifs, bien entendu des mises en situation sont organisées et des échanges entre les participants permettent un enrichissement mutuel mais pour autant ce schéma de formation en présentiel mobilise des coûts importants pour les entreprises (temps de transport et frais de déplacement) et ne permet pas ou peu d’individualiser les parcours et de prendre en compte les compétences déjà acquises par les participants.
Le digital a tout de même fait son entrée dans les salles de formation depuis quelques années avec notamment des outils d’animation (quizz, murs virtuels collaboratifs, vidéo, support en ligne, …) et des outils interactifs (écran tactile, caméra intelligente, …). Certes, ces outils digitaux modernisent les sessions de formation. Néanmoins, ils ne sont pas au service du développement des compétences des participants mais de la qualité de l’animation pédagogique.
A l’apprentissage en situation réelle ou sur simulateur
La formation des métiers dit manuels passe par des apprentissages en situation réelle en entreprise auprès de « mentors » qui transmettent les gestes qu’ils ont eux même appris par leurs pairs. Cette modalité d’apprentissage ancestrale a fait ses preuves et a permis la transmission des gestes et métiers de générations en générations.
Or, il faut bien reconnaître que tous les métiers ne se prêtent pas facilement à la mise en situation réelle et tout particulièrement les métiers dits « tertiaires ». Seuls certains métiers à forte valeur ajoutée ou à haut risque notamment dans les secteurs de l’aérospatial et de l’aéronautique bénéficient de simulateurs depuis très longtemps. Ces simulateurs extrêmement complexes et coûteux à développer sont donc réservés à l’apprentissage de quelques métiers seulement.
Une offre en pleine expansion
Quelques start-up se sont emparées de ce constat et il existe aujourd’hui une offre assez importante de simulateur numérique permettant des mises en situations très réalistes pour divers métiers : acheteurs, manager des risques, commerciaux, chef de projet, et tant d’autres. Ses business Game sont le plus souvent basés sur des données réelles d’entreprises, ce qui les rend d’autant plus attractif pour les utilisateurs tout comme l’analogie avec les jeux en réseaux dont sont souvent adaptés les moins de 40 ans.
Apprendre en faisant, voire en s’amusant, prend là tout son sens avec ces nouveaux outils pédagogiques ; le « Game » permet de prendre des décisions, de les mettre en application et de constater directement les résultats – bon ou mauvais – le but étant de se tromper pour apprendre de ses erreurs. Les algorithmes des simulateurs adaptent les séquences au niveau d’acquisition des compétences de chaque « joueur » et proposent un scénario de jeu différent pour individualiser les chemins d’apprentissage.
L’évolution nécessaire du métier de formateur “expert”
Si la majorité des organismes de formation et des écoles propose une offre de formation hybride (synchrone/asynchrone ; distanciel/présentiel) et utilise les Serious Game dans leur pédagogie, il est quelquefois difficile pour les formateurs « experts » de s’adapter à ces nouvelles modalités d’apprentissage. Les périodes de confinement ont été propices au déploiement des formations à distance, ce qui a été vécu par une partie des formateurs comme une véritable souffrance tant l’exercice est difficile sans une adaptation majeure de sa pédagogie.
D’expert de leur métier, ils deviennent non plus des formateurs mais des accompagnateurs, voire des évaluateurs du niveau d’acquisition des compétences des participants. Cette évolution du métier se fait le plus souvent rapidement et pose la question de la « formation des formateurs » . En effet, au-delà de la maîtrise des outils pédagogiques digitaux, son rôle va se concentrer de plus en plus sur l’appréciation des compétences, ce qui induit, en amont, une ingénierie des compétences approfondie.
Delphine HIVET
Directrice nationale réseau IEQT
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